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Imag'in'évasion
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12 septembre 2023

Entre enfermement, entrave, interdiction et mort. Une expérience à l'EHPAD.

Sortir enfermementCela allait faire deux ans. 
Il y a presque deux ans, j'ai fais mes premiers pas là-bas. Dans cet environnement emprunt de lourdeur, de douleurs, de corps brisés, handicapés, de psychés éteintes et entravées. Cet environnement toxique dans lequel on attend la mort. Une mort déniée, participant à un quotidien de normalité. 
Dans les débuts, moi-même je m'éteignais, restant cloîtrée dans mon bureau, regardant les heures défilées, comme si je devais me protéger. Je tentais de penser...

Bientôt, je comprenais les enjeux, l'histoire de ces inconscients entremêlés, emprisonnés, d'une complexité que je croyais pouvoir sauver. Alors je me suis donnée. Probablement trop, jusqu'à finalement me perdre et me rendre malade que de ne pas pouvoir soigner tout cet environnement toxique, fou, déliré et délié.
Alors j'ai démissionné. J'ai rendu les armes, acceptant mon impuissance et respectant mes valeurs, mon humanité.

Mais les traces de ces expériences restent ancrées, engrammées dans mon corps abandonné et envahit de toutes ces souffrances non travaillées, non clairement exprimées, et empêchées d'être portées, entendues et soignées. 

L'EHPAD qui malmène, maltraite, empoisonne. 
Liens interdits, espaces de respiration proscrits, clivages semés et nourrissants le maudit. Les mots non-dits, le pourri. 
Parce qu'ici, il est nécessaire d'aller mal pour que le fonctionnement puisse se poursuivre, l'alimentation d'un dysfonctionnement qui fait survivre.
Colère, injustice, choc, sidération, frustration, tous les mots sont bons pour partager les ressentis qui ont pu me traverser face à ce système mettant en avant l'argent, au détriment des résidents, de mes collègues, de l'humanité, de la subjectivité.

Folie ! Infâmie !  

Alors j'ai sauvé ma peau, avant moi-même de devenir trop malade, voire de mourir. Je sentais avoir atteint mes limites, car à vouloir trop donné, j'ai fini parfois par m'oublier, tout en observant que rien ne pourrait changer. Il m'a fallu avancer, renoncer, accepter que je devais me séparer et réouvrir ma voix/voie vers l'envie, les désirs, l'espoir. Sortir de l'emprise, du noir et du désespoir. 
Accéder au retour du mouvement et du vivant.

Il m'a fallu du courage, un long temps de réflexion, car comment lâcher et se résigner devant tant de violence et de résistance ?

Mais aujourd'hui, je me remercie d'avoir réussi à dire stop, d'être partie et de continuer sur le chemin lumineux auquel j'aspire, que je respire.

Et j'ose espérer qu'un jour prochain, ces traces toxiques pourront se dispérser et me laisser en tranquilité... Car il me faut encore avancer sur le terrain du lâcher prise pour accéder à ma pleine liberté, là où j'ai pendant beaucoup trop longtemps été enfermée... 

[...]

Lâcher prise

 

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