Entre souffrance, silence et renaissance

C'est dans ce flot tourbillonnant que je me suis lancée, tête baissée, déterminée, un peu bousculée. 
Comme une urgence, celle-là même qui s'élance et te propulse dans le vide,
Tel un "black out" parsemés d'ondes livides et perfides,
Il fallait que je m'autorise à avancer, à y aller, malgré le prix à payer.

Je suis alors partie de la ville de mon enfance, de ma vie, choisissant d'attérir là où mon coeur qui guidait, sur les terres sacrées de mon paternel.
J'engageai ce voyage vertigineux, au rythme d'un balancier cassé, trébuchant, tombant, croyant que les terreurs seraient éternelles.
Réaliser un rêve serait donc en résonance à une sinueuse traversée semée d'embûches, de souffrances inespérées, de chutes insensées. 

Depuis Octobre, mon arrivée, je cessai de penser.
Mon coeur en peine s'est un peu arrêté,
Mon corps ne fonctionne qu'à moitié,
Mon esprit s'envole et me laisse devant les yeux un voile noir, brumeux, frileux,
M'obligeant à continuer ce chemin aveuglée, perdue et dénuée de toute contenance raisonnée.

Les déménagements s'enchaînent, résultats de traumas imposés,
Le travail s'ajoute à cette impossible prise de possession de mon univers tant fantasmé,
M'empêchant de poser les pieds sur terre, de m'arrimer à mes racines tant aimées,
J'explose dans un intérieur déchiré. 

Je suis arrivée. J'y suis arrivée. Et pourtant, ressentis de tristesse, d'injustice, de solitude, de détresse viennent s'inviter, s'immiscer subrepticement là où je pensais trouver ma résilence, ma liberté. 
Silence.

Le silence s'est imposé.
De mes pensées, de ma créativité, de mon être tout entier.
Le faire semblant peut fonctioner pour un temps,
J'aurais alors comme un peu oublié qui j'étais.
Mais l'ai-je déjà su? Du moins j'y ai cru. Dans ce passé un peu plus confortable et entouré.

J'ai la tête qui tourne de toute cette nouveauté pourtant rêvée.
Indigestion, quête d'inscription, indécision et tourbillon.
L'océan m'appelle, prémisses de guérison. 
Entre deux falaises, je perçois ce bel horizon.

De tout un-[im]possible, d'une ouverture vers l'indicible, comme une première respiration invincible.
Si l'insupportable et la peur se retirent, mon identité pourra se construire.
Le futur est à venir, les pertes à contenir, à transformer et conquérir.

Au loin là-bas, un jour, je pourrai réapprendre à marcher, à courir, en sourire.

[Au rythme de l'eau, de cette vague formée, puissante, magnifique, qui vient s'écraser sans jamais se plaindre, ni abandonner]